Résumé :
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La thèse de la mort de Dieu a obsédé, et obsède encore, la philosophie contemporaine depuis Nietzsche au moins, au point qu'il semble que nous devions comprendre notre temps comme celui d'un deuil paradoxal, parce que sans fin, à la mesure de son objet infini. Toutes les considérations sur le désenchantement du monde, la fin de la représentation symbolique, la perte du sens, l'évanouissement de toute perspective eschatologique, voire la fin de la religion, indéfiniment reprises et répétées, en sont la conséquence. Il ne faut cependant pas prendre cette thèse à la légère. Il faut en mesurer tout le poids pour en évaluer la portée: la destitution de Dieu, l'annulation de la transcendance ou de l'ex-cendance, pour reprendre une expression d'Emmanuel Levinas, au-delà des êtres, au-delà même de l'être. La thèse veut dire la chose suivante Dieu est mort, parce qu'il n'aura jamais vécu qu'une vie de représentation, dans la croyance, la foi ou le concept, en tout cas dans l'esprit de l'homme. Il n'aura vécu que la vie que l'homme lui aura prêtée. L'homme et Dieu se faisant ainsi face, il n'est pas étonnant que la thèse de la mort de l'homme ait suivi de près celle d'un Dieu qui n'est plus désormais conçu comme son créateur, mais simplement comme sa créature. La pensée contemporaine peut à certains égards se ramener à cette inversion des rôles et à cette double mort. Mais par là même notre temps ne peut esquiver une question majeure, celle qu'il convient absolument de poser: comment surmonter le nihilisme? Comment surmonter un nihilisme - qui prend parfois la figure de nouveaux dieux - dont la forme extrême a conduit le XXe siècle à la catastrophe, à la barbarie inouïe? Cette interrogation constitue l'horizon à partir duquel la question philosophique de Dieu se trouve ici reposée à nouveaux frais. Que reste-t-il de ce que les philosophes ont dit de Dieu? Que reste-t-il d'un savoir de Dieu, d'un savoir de celui qui dépasse tout savoir? N'y a-t-il là qu'une prétention exorbitante, une illusion qui a traversé la plus grande part de l'histoire de la philosophie? A l'inverse, les manières dont les philosophes ont pensé Dieu ne sont-elles pas susceptibles de frayer de nouveaux chemins à la pensée vers l'altérité, la transcendance? Ne peut-on y trouver un rempart contre des formes de sacralisation nouvelles du séculier qui capturent la subjectivité ou manipulent politiquement les volontés ? L'ambition de ce volume est de restituer l'interrogation philosophique sur Dieu dans sa diversité, sa force et ses métamorphoses, hier et aujourd'hui.
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